jeudi 6 octobre 2016

L'Italie développe le solidaire dans l'économie

L’économie sociale se développe ainsi tout autant par aspiration que par nécessité (Lévesque, 2003). Les organisations d’économie sociale ont toutefois intérêt à assurer une mixité sociologique de leurs membres tant qu’elles garantissent que ces derniers ont bien des intérêts communs. En effet, il n’y a pas de sens à ce qu’une mutuelle de santé par exemple regroupe des membres dont le profil ou l’activité économique les rendraient plus vulnérables d’un point de vue sanitaire. Cela reviendrait à mettre en place des mécanismes de solidarité entre pauvres ou entre personnes vulnérables (solidarité distributive). Au contraire, une organisation d’économie sociale a tout intérêt à ce que les membres proviennent de catégories économiques et sociales différentes afin d’assurer une plus grande viabilité économique et de permettre une solidarité redistributive. Les organisations doivent bien souvent trouver un équilibre entre cet intérêt économique, ce mécanisme solidaire et un degré satisfaisant de cohésion sociale, indispensable à l’action collective. Les membres, usagers, ou bénéficiaires des OESS ont la possibilité d’être propriétaires de l’organisation ou de participer activement au processus de prise de décision. En reconnaissant aux membres ou aux bénéficiaires/usagers de manière équitable la qualité de pouvoir concourir aux décisions, ces organisations instituent des méthodes de fonctionnement participatives. Cette participation peut prendre des formes très diverses. Dans les coopératives, les mutuelles et les associations, le principe théorique est celui d’une personne-une voix. Ce principe vise à assurer que l’apport particulier de chaque membre et sous des formes diverses (par exemple travail, contribution en nature, argent) soit reconnue de la même manière, sans que l’un de ces facteurs de production (capital par exemple) soit particulièrement plus valorisé que d’autres ou bénéficie d’un poids plus important dans l’organisation et les décisions prises. Dans certaines OESS, les décisions peuvent être prises selon un processus différent (à l’issue de consensus par exemple). Le degré de participation peut donc être très variable entre différents types d’entreprises ou d’organisations, même pour des organisations partageant la même formule juridique. Ainsi, certaines OESS seront plus « démocratiques » que d’autres. Les formes de participation peuvent être d’autant plus variées lorsque des parties prenantes supplémentaires sont impliquées (membres, bénéficiaires, usagers, par exemple) ou en fonction des contraintes de certains secteurs dans lesquels les OESS opèrent (notamment en termes d’efficacité, de rapidité ou de profils des usagers/clients). Indissociable à la participation, c’est la possibilité de contrôler et de sanctionner qui garantit que les décisions prises aillent dans le sens des finalités poursuivies à l’origine et de l’esprit de l’organisation. La nature participative de la prise de décision distingue les OESS d’autres entreprises privées à but lucratif ou entreprises publiques, dans lesquelles la sanction s’exercera par le marché ou le vote. Au bout du compte, ces mécanismes et procédures de fonctionnement garantissent la confiance des usagers, membres ou bénéficiaires dans l’organisation d’économie sociale et ses dirigeants, élus (comme dans le cas des coopératives) ou non (comme dans le cas des entreprises sociales). Source: séminaire Italie.