lundi 21 décembre 2015

Voyage et philosophie

Envie de philosopher avec des copains - voici le voyage qui est fait pour vous, organiser par un voyagiste "philosophique". Et si vous partiez au pays de la morale...Les termes corrélatifs s'impliquent l'un l'autre; ainsi l'on ne peut penser à un père sans penser à un enfant, à un supérieur sans penser à un inférieur. Un des exemples les plus communs donnés à l'appui de cette doctrine, c'est le lien nécessaire qui unit la conception d'un tout à celle d'une partie. Il est impossible de concevoir l'idée d'un tout sans faire naître aussitôt l'idée des parties qui le constituent, et l'on ne peut pas davantage concevoir l'idée d'une partie sans provoquer aussitôt l'idée de quelque tout auquel elle appartient. Mais il faut ajouter que l'on ne saurait avoir une idée correcte d'une partie sans avoir aussi une idée correcte du tout correspondant. La connaissance inadéquate de l'un de ces termes entraîne, de plusieurs manières, la connaissance inadéquate de l'autre. Si l'on pense à une partie sans la rapporter au tout, elle devient elle-même un tout, une entité indépendante, et l'on se fait une idée fausse de ses relations à l'existence en général. En outre, on doit apprécier mal la grandeur de la partie par rapport à la grandeur du tout, si l'on se borne à reconnaître que celui-ci contient celle-là, si l'on ne se le représente pas exactement dans toute son étendue. Enfin on ne peut pas connaître avec précision la position relative de cette partie et des autres, à moins de connaître le tout dans la distribution de ses parties aussi bien que dans son ensemble. Si la partie et le tout, au lieu de simples relations statiques, ont des relations dynamiques, il faut posséder une intelligence générale du tout pour comprendre la partie. Un sauvage qui n'a jamais vu de voiture sera incapable de concevoir l'usage et l'action d'une roue. Le disque d'un excentrique, percé d'une ouverture irrégulière, n'a, pour le paysan qui ne sait pas la mécanique, ni place ni usage déterminés. Un mécanicien même, s'il n'a jamais vu de piano, ne comprendra pas, à l'aspect d'une pédale, quelle en est la fonction ou la valeur relative. C'est surtout lorsqu'il s'agit d'un ensemble organisé que la compréhension complète d'une partie implique une grande compréhension du tout. Supposez un être, qui ne connaîtrait pas le corps humain, placé en présence d'un bras détaché. En admettant même qu'il ne commît pas l'erreur de le prendre pour un tout au lieu de le regarder comme une partie d'un tout, il ne pourrait cependant expliquer ni ses rapports avec les autres parties de ce tout, ni sa structure. Il devinerait à la rigueur la coopération des os et des muscles; mais il n'aurait absolument aucune idée de la manière dont le bras contribue aux actions du tout auquel il appartient, et il ne saurait en aucune façon interpréter le rôle des nerfs, ni des vaisseaux qui se ramifient dans ce membre et se rattachent séparément à certains organes du tronc. Une théorie de la structure du bras implique une théorie de la structure du corps tout entier. Cette vérité vaut non seulement pour les agrégats matériels, mais encore pour les agrégats immatériels, les ensembles de mouvements, de faits, de pensées, de mots. Les mouvements de la lune ne sont bien compris que si l'on tient compte des mouvements du système solaire tout entier. Pour arriver à bien charger une arme à feu, il faut connaître les effets qu'elle doit servir à produire. Un fragment de phrase, s'il n'est pas inintelligible, sera mal interprété en l'absence de ce qui manque. Retranchez le commencement et la fin, et le reste d'une démonstration ne prouve rien. Les explications fournies par le demandeur sont souvent trompeuses tant que l'on n'en a pas rapproché celles du défendeur. En lire plus sur le site organisateur de ce voyage spécial: Voyage Groupe.

Quand ATT collabore avec la CIA

ATT a commencé en 2011 à fournir quotidiennement à la NSA plus d'un milliard de relevés de téléphones portables.ATT a commencé en 2011 à fournir quotidiennement à la NSA plus d'un milliard de relevés de téléphones portables. Selon des nouvelles révélations issues des documents d'Edward Snowden, le géant des télécoms américain s'est montré très coopératif avec la NSA pour l'aider à espionner des milliards d'emails dont ceux des Nations unies. On ignore si le programme est encore actif aujourd'hui. L'agence américaine de renseignement (NSA) a trouvé en ATT, le géant des télécoms, un partenaire particulièrement efficace pour espionner les communications, selon de nouvelles informations trouvées dans les documents de l'ancien consultant de la NSA Edward Snowden. Selon le New York Times et le site d'investigation ProPublica, qui continuent de décoder les données divulguées par le lanceur d'alerte, la compagnie américaine y est décrite comme une société "extrêmement coopérative", et qui a démontré "une grande volonté de collaborer". Les documents, qui datent de 2003 à 2013, montrent que ATT a permis à la NSA d'avoir accès à des milliards d'emails échangés sur le territoire américain, parmi lesquels ceux du siège des Nations unies à New York, dont ATT est le fournisseur d'accès internet. La surveillance des échanges électroniques du siège des Nations unies a été ordonnée par une cour fédérale spéciale, d'après ces documents. Washington a depuis affirmé que l'ONU ne ferait plus l'objet de surveillance. Les entreprises de télécommunications Verizon et MCI (rachetée par Verizon en 2006) ont également collaboré avec la NSA. ATT a commencé en 2011 à fournir quotidiennement à la NSA plus d'un milliard de relevés de téléphones portables. L'objectif était d'obtenir un flux "opérationnel avant le dixième anniversaire du 11-Septembre", indiquent les documents étudiés par les médias. Après les révélations d'Edward Snowden en 2013, les autorités avaient affirmé que la surveillance concernait principalement les appels passés depuis les lignes fixes, et non les portables. Inculpé pour espionnage aux Etats-Unis, l'informaticien s'est réfugié en Russie et risque jusqu'à 30 ans de prison dans son pays.

Le rêve de dissoudre les nations

L’ancien député européen estime que les Etats nations doivent lutter contre le retour du souverainisme en s’engageant à plein dans la fédéralisation de l’Union. Pour Daniel Cohn-Bendit, ancien coprésident du groupe vert au Parlement européen, le souverainisme est une idée de droite « car il repose sur l’égoïsme national ». Et la gauche devrait tirer les leçons de la crise grecque et se battre pour organiser la solidarité entre les peuples européens, comme le propose François Hollande. L’accord avec la Grèce est-il le résultat d’un « diktat » allemand ? L’Allemagne a une idée très précise de la façon dont doit fonctionner l’euro : le règlement de copropriété de la monnaie unique, arrêté en commun, doit être respecté et les transferts financiers entre Etats exclus, car chacun reste responsable de sa politique économique et budgétaire. Même si l’Allemagne, sous la pression de ses partenaires, a finalement accepté que les États en faillite soient aidés, c’est à condition que les pays en difficulté suivent une cure d’austérité pour redresser leurs comptes publics et faire redémarrer l’économie. Cette conception est partagée par une grande majorité des gouvernements de la zone euro : ceux du Nord, mais aussi ceux du Sud qui ont renoué avec la croissance en appliquant les recettes du nord de l’Europe. Autrement dit, si l’Allemagne a pu avoir une position très dure au cours des négociations avec la Grèce, c’est parce qu’elle était largement soutenue, seule la France ayant émis quelques réserves. On ne peut donc absolument pas parler de « diktat » allemand. Pourquoi Aléxis Tsípras a-t-il finalement cédé ? Les Grecs voulaient le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière. A 60 % ils ont rejeté l’austérité, mais à 80 % ils voulaient rester dans la zone euro. Tsípras a dû trancher. En décidant de rester dans l’euro, il était obligé de trouver à n’importe quel prix un accord avec ses partenaires. Il m’a semblé terrifiant que beaucoup trouvent géniale l’idée du référendum grec du 5 juillet parce que c’était prétendument démocratique. Mais si en Allemagne, en Finlande, aux Pays-Bas, on avait fait un référendum pour savoir si on devait redonner de l’argent aux Grecs, le résultat aurait été négatif, et de façon écrasante. C’est démocratie contre démocratie, et, dans cette affaire, les Grecs sont minoritaires. Il ne devrait y avoir en Europe que des référendums transeuropéens sur les questions européennes, avec une double majorité, celle des États et celle des peuples. Tant qu’on ne sortira pas de ce souverainisme démocratique national, on n’y arrivera pas. Le défi, c’est de faire émerger une souveraineté européenne qui sera la base d’une démocratie fédérale.

jeudi 1 octobre 2015

Forum économique de Malte

Cette semaine, je souhaiterais revenir sur un événement qui m'a marqué, lors d'un séminaire à Malte. Au beau milieu d'une soirée, un collègue a défendu l'idée selon laquelle les pays riches n'ont plus besoin de croissance économique. Une idée d'autant plus dangereuse que je l'entends de plus en plus souvent, et à laquelle j'ai eu envie de réagir. Les pays riches ont bien souvent des difficultés à justifier leur nécessité de croissance économique. Le désir de l'Europe, par exemple, de poursuivre sa croissance économique est envisagé par beaucoup comme immoral. Une illusion sur laquelle j'aimerais revenir, car les pays riches ont eux aussi encore besoin de croissance pour pouvoir progresser en tant que société. Après tout, le choix du progrès social n’est pas moins impérieux pour un pays riche que pour un pays pauvre. Il faut bien se mettre en tête que sans croissance, les problèmes arrivent rapidement. En effet, la redistribution du capital reste la même. Le progrès des uns est alors obligatoirement effectué au préjudice du bénéfice des autres. La lutte contre la pauvreté, par exemple, suscite alors une diminution des dépenses dans la recherche ; le développement de la protection sociale doit alors être financée par moins de culture ; l'implantation d'un nouvel aéroport occasionne une diminution du financement de la protection de l’environnement. Sans croissance, nous sommes confrontés au tempérament provisoire de notre prospérité. Une société qui ne progresse pas est une société où des citoyens individuels, des entrepreneurs et des communautés sont naturellement dressés les uns contre les autres. Lorsque la richesse d’un pays croît en revanche, elle est plus commode à répartir. La classe moyenne sera en effet davantage portée à partager leurs richesses si elle pense qu'elle continuera elle-même à croître. A l'inverse, une société sans croissance sera non seulement plus fermée, mais commencera sans doute à contester l’idée de la redistribution. Au final, elle deviendra ainsi moins démocratique. De manière générale, les sociétés dont l'économie est en croissance sont plus libérales et sont plus ambitieuses que celles qui stagnent. Si ce séminaire à Malte m'a appris une chose, c'est que la moitié des français qui ont pris part à cette discussion ne croyait pas en cette nécessité de croissance. Ce qui explique, je crois, même partiellement, l'immobilisme français. Envie d’en savoir plus, allez sur le site de l’agence incentive à Malte pour obtenir toutes les réponses à vos questions.


Où sont les mails d'Hillary ?

Le département d'État a indiqué jeudi soir n'avoir aucune trace de 15 courriels de son ancienne patronne Hillary Clinton, candidate à la Maison-Blanche, parmi 30 000 courriers électroniques professionnels, dont une partie concerne un attentat anti-américain en Libye en 2012. Les courriels de Mme Clinton, qui pilota la diplomatie américaine de 2009 à 2013, alimentent une double polémique ciblant la possible future première femme présidente des États-Unis: ces correspondances ont été envoyées ou reçues sur une messagerie et un serveur privés et non sur un compte gouvernemental, comme c'est la règle. En outre, une partie de ces courriels traitent de la Libye en 2011 et 2012 et de l'attentat islamiste contre le consulat américain de Benghazi le 11 septembre 2012 qui avait coûté la vie à l'ambassadeur Christopher Stevens et à trois autres agents américains. L'administration démocrate et Mme Clinton sont accusées par des républicains au Congrès de chercher à dissimuler une partie des faits sur cette attaque. Une commission parlementaire enquête sur l'«affaire» Benghazi. Elle a entre les mains des milliers de courriels remis par un ami du couple Clinton, Sidney Blumenthal, qui servait de conseiller informel sur la Libye quand Hillary Clinton était secrétaire d'État. En comparant ces courriers électroniques fournis par M. Blumenthal aux 30 000 courriels que Mme Clinton a remis sur papier au département d'État, un responsable du ministère a reconnu que 15 courriers, ou des parties d'entre eux étaient introuvables. «Les courriels que la ministre Clinton avait fournis au département d'État incluent presque tout le contenu de ce qu'a produit M. Blumenthal» auprès de la commission Benghazi, a expliqué ce diplomate américain. «Cependant, dans un nombre limité de cas, 15, nous n'avons pas pu retrouver la totalité ou une partie du contenu d'un document de la production (de Blumenthal), parmi les dizaines de milliers de courriels qu'elle (Clinton) nous a donnés», a admis ce cadre du département d'État. «Le contenu de ces 15 courriels ne concerne pas l'attaque de Benghazi en 2012», a-t-il toutefois affirmé. Devant la polémique sur ses courriels, Mme Clinton les avait remis au département d'État, imprimés sur 55 000 pages empilées dans une dizaine de cartons. Il s'agit de courriers professionnels. Les courriels personnels ont été effacés de son serveur. Un porte-parole de Mme Clinton, Nicholas Merrill, a rappelé qu'elle «avait fourni 55 000 pages au département d'État, y compris tous les courriels en sa possession venant de M. Blumenthal.» Sur ordre de la justice, le département d'État a rendu publics fin mai 296 premiers courriels de Hillary Clinton. La prochaine vague doit être publiée le 30 juin, puis à un rythme mensuel.

Un peu d'écoute...

Le président français François Hollande a prévenu dans la nuit de jeudi à vendredi qu'il considèrerait toute entorse à l'engagement des États-Unis de ne plus espionner le sommet de l'État français comme un «manquement grave» à la relation franco-américaine. «Je considère que s'il se produisait quoi que ce soit à partir de l'engagement qui a été pris (en novembre 2013), ce serait un manquement grave à notre relation», a déclaré le chef de l'État français devant la presse lors d'un sommet européen à Bruxelles. Parlant «d'agressions» contre «le territoire» et les «autorités» françaises, François Hollande a rappelé que son homologue américain Barack Obama avait une nouvelle fois «confirmé que la présidence de la République (française) ne faisait plus l'objet d'un ciblage» des services de renseignement américains lors de leur entretien téléphonique mercredi. Après l'«engagement des États-Unis qui à partir de novembre 2013 nous déclarent avoir cessé toutes ces pratiques», a-t-il insisté, Barack Obama avait déjà «réitéré» ces assurances à l'occasion de la visite d'État qu'il avait effectuée à Washington en février 2014. «Ces pratiques sont condamnables et je les ai condamnées chaque fois qu'il y a eu des révélations», a-t-il poursuivi, relevant que «celles qui ont été publiées ne sont pas les premières et sans doute pas les dernières». «Nous devons avoir des comportements entre alliés, mais ça suppose que nous soyons respectés», a-t-il poursuivi. Selon des documents de Wikileaks publiés mardi par la presse française, les écoutes américaines ont visé notamment les présidents Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande de 2006 à 2012.

vendredi 26 juin 2015

J'ai volé

Piloter un avion ? Une bonne chose de faite ! Une ligne de plus à rayer sur ma liste de choses à faire avant de mourir. Bien sûr, ce n'était pas un gros avion de ligne mais un appareil plus simple : un Piper PA 28.Un appareil particulièrement maniable qui m'a permis de m'initier sans la moindre difficulté. Ca s'est passé à Aix les Milles, et j'ai vraiment aimé cette découverte. Avant ça, je me demandais si piloter était compliqué. Mais en réalité, piloter un appareil de ce type est vraiment à la portée du premier crétin venu. Le décollage et l’atterrissage sont un peu effrayant, mais en dehors de ça, tout le reste est un pur moment d'euphorie. D'ailleurs, même le décollage n'est pas aussi effrayant qu'on peut le croire. Comparé au décollage d’un Airbus, on peut même dire que cela se fait avec une plus grande grâce. Le plus important, finalement, ce n’est pas tant de profiter de la vue (magnifique, soit dit en passant) que des sensations qu'offre le pilotage en lui-même. Le maniement du joystick est incroyablement enivrant. Peut-être parce qu'on passe brusquement du stade d'observateur à acteur, ou peut-être parce que cette sensation est en soi particulièrement agréable. On ressent les rafales de vent qui ballottent l'avion, à tel point qu'on a souvent l’impression de lutter contre le vent lorsqu'on change de direction. Bref, c’est une expérience très intense. L'expérience s'est révélée plus épuisante que ce à quoi je m'attendais, d'ailleurs. D'une part, parce que quand on est inexpérimenté, il faut reconnaître qu'on ne sait absolument pas où regarder : le tableau de bord ? L'horizon ? Quels cadrans ? Quels jauges ? Dilemme. Et aussi parce qu'il faut tout de même maintenir le manche à balai (il est certes facilement contrôlable, mais réclame quand même un peu de concentration). Bref, vous l'avez sans doute compris, j'ai beaucoup aimé cette expérience, et je vous recommande de tester si vous en avez l'occasion. Si vous êtes intéressé, je vous mets la page qui m'a été bien utile pour ce vol un peu particulier. Suivez le lien pour le site du prestataire de ce stage de pilotage avion à Aix en Provence.


La Russie s'intéresse maintenant au Sud

La Russie projette d’inviter l’Inde, le Pakistan et l’Iran dans l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). C’était en discussion depuis longtemps, mais cette fois, c’est officiel : Sergei Lavrov vient de déclarer que lors du prochain sommet des pays membres de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), la Russie proposera d’entamer le processus menant à l’adhésion de l’Iran comme membre effectif, ainsi que de l’Inde et du Pakistan. Petit rappel. Les pays suivants sont actuellement membres de l’OCS : Chine, Kazakhstan, Kirghizstan, Russie, Tadjikistan et Ouzbékistan ; les pays suivants sont actuellement observateurs et, par conséquent, candidats possibles : Afghanistan, Inde, Iran, Mongolie et Pakistan, tandis que le Belarus, le Sri Lanka et la Turquie sont des partenaires de dialogue. La prochaine future OCS inclurait donc, comme membres titulaires : la Chine, l’Inde, l’Iran, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Pakistan, la Russie, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan. Il est important de rappeler que l’OCS est une organisation de sécurité incluant une forte composante militaire. Alors que son objectif principal est la coordination des États membres dans leur lutte contre le terrorisme, le séparatisme et l’extrémisme, l’OCS a mené un certain nombre d’exercices militaires. L’OCS n’est pas une alliance militaire formelle, mais elle compte en son sein des pays qui sont membres de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), à savoir la Russie, l’Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan. Nous pourrions dire très approximativement que la fonction de l’OCS est similaire à celle de l’OTAN alors que celle de l’OTSC peut se comparer à celle du Grand Quartier général des puissances alliées en Europe (Supreme Headquarters Allied Powers Europe – SHAPE). Cette comparaison n’est pas à prendre à la lettre, mais de même qu’en Europe nous pouvons observer une alliance économique (l’UE), une alliance politique de sécurité (OTAN) et un commandement purement militaire (SHAPE), nous voyons en Asie l’Union économique eurasiatique (UEE), qui est l’alliance économique, l’OCS comme organisation politique de sécurité, et l’OTSC, l’organisation purement militaire. Inutile de dire que tout cela horrifie positivement la Maison Blanche : non seulement les États-Unis se sont opposés à la création de l’OCS, de l’OTSC et de l’UEE à chaque étape du processus, mais la consolidation de ces organisations est une illustration vivante de leur perte d’influence et de puissance. Les États-Unis ont tenté de le bloquer, ils ont exercé des pressions énergiques pour empêcher quiconque d’y adhérer et ont même tenté de l’ignorer – et ils ont échoué : l’OCS croît en augmentant ses membres et son influence.

Juppé et les attentes politiques

D'après un sondage Odoxa pour le Parisien publié samedi, Alain Juppé serait en tête des intentions de votes dans le cadre des primaires UMP. Comment expliquer cette prévision au sein d'un parti qui restait jusqu'à présent majoritairement sarkozyste ? Ce sondage est effectivement assez surprenant parce l'UMP, malgré tout, reste très attachée à Nicolas Sarkozy. Néanmoins, l'ancien Président reste dans une zone de turbulences ; sa proposition de renommer le parti passe assez mal. Celle-ci sera validée, mais elle ne créé pas l'engouement parce que les sympathisants de droite ne comprennent pas ce changement de nom. Alain Juppé est en effet très haut dans les sondages. Or il a conscience de ne "rien faire actuellement". Ce qui le met dans une posture complexe ; il sait qu'en s'exprimant il baissera dans les sondages. Juppé incarne une image, quelqu'un qui attire et pourrait trouver les mots juste face à Marine le Pen. En réalité, il est protégé, dans une sorte de bulle, il faudrait qu'il en sorte rapidement car cela pourrait lui jouer des tours. Cette bulle pourrait le paralyser. Jean Garrigues: Il faut commencer par observer que Nicolas Sarkozy reste majoritaire en vue des primaires au sein des militants et sympathisant UMP. Par contre, dans le cas où l'on additionne les électorats de la droite et du centre, il devient alors minoritaire. Les électeurs du centre ont toujours en mémoire l'inflexion de l'ancien Président vers les thématiques du Front national lors des élections présidentielles de 2012. Ce malaise est très marqué, expliquant les bons scores obtenus par Juppé au sein de cet électorat. Dans le cadre du sondage Odoxa, par exemple, Alain Juppé remporterait les primaires ouvertes à droite avec 55% des voix. C'est donc un électorat qui se reconnait dans l'image de "modération", de "sagesse", de "prudence" que renvoie Alain Juppé. On a aujourd'hui vraiment l'impression que les autres candidats sont hors courses. Ce qui est très troublant en ce qui concerne François Fillon car il pouvait apparaître comme un des trois candidats majeurs. Pourtant, en changeant assez souvent de discours sur les sujets d'immigration et en durcissant ses propos quant aux thématiques identitaires, il a gâché ses chances d'incarner une alternative. Il a laissé le terrain à Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Bien évidemment, il y a les figures émergentes de Bruno Lemaire et de Nathalie Kosciusko-Morizet, mais elles restent bien derrières les deux candidats pressentis. Il est possible qu'une partie des électeurs de Bruno Lemaire considèrent la ligne d'Alain Juppé qui est, sur bien des égards, proche de la sienne. Mais on peut très bien envisager un revirement de situation, l'apparition de candidats nouveaux, porteurs de changement et qui séduiraient d'avantage l'électorat de droite. Tout comme la montée en puissance à la fois de Bruno Lemaire et de Nathalie Kosciusko-Morizet. Car la situation politique demeure fragile, et il y a un mécontentement général vis-à-vis des partis et des personnalités politiques traditionnelles. Il semble envisageable que d'ici à deux ans, des mouvements spontanés fassent émerger de nouvelles personnalités politiques.

mercredi 3 juin 2015

A l'autre bout de la Terre

Le mois dernier, je suis allé le plus loin qu'on puisse aller sur Terre depuis la France. A l'autre bout de la planète, en Nouvelle-Zélande. La Nouvelle-Zélande est appelée Aotearoa par les Maoris ; cela signifie le « pays du long nuage blanc ». Le climat est assez tempéré pour sa latitude. Mais une particularité du climat néo-zélandais est cependant sa grande variabilité, été comme hiver. La côte Ouest de l’île du Sud se distingue par sa pluviosité (plus importante encore dans le Fjordland National Park). À l’opposé, la côte orientale de cette île est la région la plus sèche du pays. Tout le littoral Nord de South Island (face au détroit de Cook) et la pointe orientale de North Island (Bay of Plenty, East Cape) bénéficient du meilleur ensoleillement. Mais c’est logiquement à l’extrême Nord-Ouest du pays, le long de la « Ninety miles beach » que l’on rencontre les températures les plus élevées. L’été (de décembre à février, évidemment : comme le pays se situe dans l’hémisphère austral, ses saisons sont donc inversées par rapport à celles de l’Europe) est chaud et assez ensoleillé dans l’île du Nord, ou « île fumante », agréable dans la plus grande partie de l'île du Sud, ou « île de jade » (à l‘exception de l’extrême Sud et de l’île Stewart, où les températures restent un peu fraîches). Mais l’humidité, élevée en permanence dans ce pays très maritime, contribue à créer une impression de serre chaude à la belle saison. De décembre à février, on peut affronter l’eau de mer sur certaines côtes sans être un Spartiate (genre « nous dînerons en enfer ce soir ! ») : sa température approche en effet 20° sur la côte Nord-Est de l’île du Nord (Auckland), la seule avec le Nord de l’île du Sud à être baignée par une mer assez calme (mais en août, il vaut mieux avoir un scaphandre ou s'appeler Léonidas : elle descend à 14° !). L’été (notre hiver, donc) reste la période la plus propice aux randonnées en montagne, dans la région des lacs et des volcans du Nord, ou dans celle des fjords du Sud-Ouest. Mais si vous y allez en cette saison, il faut tout de même savoir que la luminosité des ciels néo-zélandais va de pair avec une irradiation solaire forte : il vaut donc mieux faire attention aux brûlures. Autre chose à considérer, si vous y aller à la belle saison : moustiques et phlébotomes rivalisent de voracité dans les régions basses : les premiers vous irritent la nuit, les seconds vous rendent fous dans la journée. Mais en dehors de ces menus détails, la Nouvelle-Zélande est un pays de rêve. Pas étonnant que Peter Jackson y ait filmé certaines scènes du Seigneur des Anneaux : les paysages y sont à couper le souffle. Si vous voulez plus de renseignements sur cette destination originale, je vous mets en lien le site sur lequel j'ai trouvé mon bonheur : c'est un site dédié aux voyages insolites, et certaines destinations sont vraiment étonnantes à découvrir. Qui sait, ce sont peut-être mes prochaines destinations ! Plus d’infos : voyage insolite.


Toujours plus de réfugiés

Les migrations sont surtout douloureuses pour ceux qui doivent partir et tout risquer, y compris leur vie, pour espérer croire que l'herbe est plus verte ailleurs. La France a délivré 208 000 titres de séjour aux immigrés en 2014 et elle fait vivre 60 000 demandeurs d’asile ! Si elle avait des emplois à offrir, cela se saurait… Les émeutes de Baltimore, dans le Maryland, ne sont pas que des images de télévision. Des éruptions de violence auxquelles nous habituerait l’Amérique. Ce sont des signaux d’alerte, quand des quartiers prennent feu. On aurait tort de croire que tout cela est lointain et n’arrive qu’aux autres. Il y a dix ans, en novembre 2005, c’était chez nous, et ça peut se reproduire. Après tout, le premier ministre était bien à Marseille, le 9 février, quand des bandes rivales se tiraient dessus au fusil d’assaut. Sur nos écrans, les images de Baltimore ont pris la suite de celles des sauvetages de migrants, débarqués de leurs canots sur les côtes italiennes, pendant que les représentants des Vingt-Huit de l’Union européenne observaient une minute de silence pour les disparus en mer. Ce rapprochement entre des drames si éloignés et apparemment sans rapport pourrait être saisissant. Le soir de ce dimanche 26 avril, sur Europe 1, Gilles Kepel, l’auteur de Banlieue de la République (Gallimard), familier de l’Orient chaotique, interrogé sur le point de savoir ce que pouvaient être les intentions de l’État islamique et de ses filiales, répondit : « Ce qu’ils veulent, c’est la guerre civile. » Pas seulement chez eux, chez nous. Une dépêche de l’AFP datée du 19 février dernier prévenait : « Dae’ch menace d’envoyer 500 000 migrants vers l’Europe. » Le 13 mars, le directeur exécutif de l’agence Frontex, chargée du contrôle des frontières extérieures de l’Europe, le Français Fabrice Leggeri, précédemment spécialisé dans l’immigration illégale au ministère de l’Intérieur, ne parlait plus d’une menace mais d’une perspective : « Entre 500 000 et 1 million de migrants attendent sur les côtes libyennes de pouvoir traverser la Méditerranée. » Ainsi alertés, que font les Européens réunis en sommet d’urgence à cause de l’émotion suscitée par les naufragés de la mer ? Ils n’ont ni politique de l’immigration, ni politique des frontières, ni politique de sûreté collective. Et ils ne sont pas près d’en avoir quand on lit les déclarations du ministre grec de la Défense, Panos Kamménos (un “souverainiste” salué par les “souverainistes français”) dans un quotidien italien : « Si l’Europe nous lâche en pleine crise, on l’inondera de migrants, on leur distribuera des papiers valides qui leur permettront de circuler dans l’espace Schengen… » L’élégance et la hauteur de vue de ce genre de propos permettent de comprendre la facilité avec laquelle les passeurs envoient leurs cargos rouillés chargés de miséreux dans les eaux grecques. Ils viennent des côtes libyennes. Mais pas seulement : l’agence Frontex signale que les plus gros contingents sont syriens, kosovars, afghans. François Hollande en a profité pour dire que le chaos libyen, “c’était pas moi”. Mais, sous-entendu, Sarkozy. Et Cameron ? Pourquoi donc Français et Britanniques (et les Américains au début) sont-ils intervenus, en 2011, avec leurs avions, soutenus par leurs Parlements respectifs (les socialistes avaient voté pour), afin d’abattre Kadhafi ? Parce qu’il fallait prévenir la guerre civile qui menaçait, en plein printemps arabe — et que, derrière celle-ci, nous l’avions dit ici même, se profilait le danger bien réel de voir 1 million de réfugiés se presser pour traverser la Méditerranée.

D'un génocide à l'autre?

L'histoire se répète malheureusement, et souvent pour le pire, comme en témoignent les génocides dus à la religion. Il y a un siècle, un génocide frappait les Arméniens. Il a été suivi par l’épouvantable Shoah. Aujourd’hui, les victimes sont catholiques, coptes, orthodoxes ou protestantes. Combien de bacheliers ont planché sur cette phrase prémonitoire attribuée à André Malraux : « Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas. » En fait, l’auteur de la Condition humaine n’a jamais fait une telle prédiction. Dans une interview accordée au Point en novembre 1975, recueillie par Pierre Desgraupes, il a lui-même corrigé cette légende : « On m’a fait dire : “Le XXIe siècle sera religieux.” Je n’ai jamais dit cela bien entendu, car je n’en sais rien. Ce que je dis est plus incertain. Je n’exclus pas la possibilité d’un événement spirituel à l’échelle planétaire. » Cet événement se produit chaque jour devant nous sans que nous en mesurions la portée, l’importance et toutes les conséquences. Il y a un siècle, le monde contemporain connaissait son premier génocide, avec le massacre de près de 1,5 million d’Arméniens. Ensuite, et ce ne peut pas être considéré par un être humain digne de ce nom comme « un point de détail », il y a eu l’épouvantable Shoah, avec l’extermination programmée de 6 millions de juifs. Actuellement, nous assistons bel et bien à un génocide des chrétiens. Et notamment des chrétiens d’Orient, victimes des exactions de Dae’ch. Il y a une semaine, lors de sa messe matinale où il commentait la lecture du récit de la lapidation de saint Étienne, le pape François a eu cette parole forte : « Aujourd’hui, l’Église est une Église de martyrs », avant d’ajouter : « Ces jours-ci, combien d’Étienne y a-t-il dans le monde ! » Sans doute plus de 150 millions, a répondu un collectif de spécialistes réunis par Mgr di Falco dans le Livre noir de la condition des chrétiens dans le monde (XO Éditions), publié en octobre 2014. La veille de cette homélie, le souverain pontife avait écrit au patriarche de l’Église orthodoxe éthiopienne, Abuna Matthias, après l’assassinat de 28 Éthiopiens par l’État islamique en Libye : « Cela ne fait aucune différence que les victimes soient catholiques, coptes, orthodoxes ou protestantes. […] Le sang de nos frères et de nos soeurs chrétiens est un témoignage qui crie pour se faire entendre de tous ceux qui savent encore distinguer le bien du mal. Ce cri doit être écouté surtout par ceux qui ont entre leurs mains le destin des peuples. » Mais seul Manuel Valls semble avoir reçu “cinq sur cinq” la supplique du pape. Dès le 24 avril, il a tenu à dénoncer le sort des chrétiens d’Orient, qui sont « en train d’être éradiqués », avant d’appeler à « mettre un terme à l’entreprise d’extermination conduite par Dae’ch ». Mais ces crimes, qui ont frappé de manière atroce 21 coptes égyptiens en Libye, un jeune Pakistanais brûlé vif par ses compagnons, tous ces migrants jetés par-dessus bord en haute mer par d’autres parce qu’ils étaient chrétiens, ou ces Éthiopiens assassinés, il y a quelques jours, en raison de leur foi, pourraient bien toucher maintenant la France. C’est ce que notre pays a réalisé avec stupeur, la semaine dernière, après l’arrestation d’un présumé terroriste qui avait programmé un attentat dans une église de Villejuif. Cet islamiste progressivement radicalisé et en relation directe avec un commanditaire situé parmi les troupes de l’État islamique avait reçu la consigne de frapper au moment des offices religieux de manière à faire le maximum de victimes. Les autorités religieuses ont fait preuve d’un très grand sang-froid. Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, s’est également montré à la hauteur de sa fonction. Ensemble, l’archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, et celui qui est aussi ministre des cultes ont convenu qu’il y avait deux leçons à tirer de cet attentat déjoué. La première, c’est qu’être chrétien en France, c’est accepter de ne plus vivre en sécurité, car il est impossible de surveiller toutes les églises. La seconde, c’est qu’au-delà de ce qui était programmé à Villejuif, c’est toute une idée de la France qui est désormais menacée. Une idée bâtie sur la liberté et le respect des croyances. De toutes les croyances. Une idée que ne partagent pas un certain nombre de Français musulmans, qui ont épaulé ce terroriste, l’ont armé et se livrent, dans les banlieues, à un prosélytisme antichrétien ou antijuif.

vendredi 10 avril 2015

Retour à Marrakech

Ce mois-ci, j'ai assisté à un séminaire à Marrakech. J'avais déjà fait un voyage au Maroc il y a quelques années, où j'avais fait les grands classiques lors d'un bref séjour dans la ville : la médina, l'incroyable place Jemaa-el-Fna, et la Koutoubia. Lors de cette seconde visite, ce sont deux palais que j'ai pu visiter, et qui m'ont tous deux ébloui, bien qu'ils soient de styles très différents : le palais El-Badia et le palais de la Bahia. Le premier est une ruine tandis que l'autre est soigneusement conservé : mais tous deux impressionnent à leur manière bien particulière. Le palais El-Badia (celui en ruines) signifie, de par son nom, « l'incomparable ». Il a été édifié à la fin du XVIe siècle par le plus célèbre des princes saadiens: Ahmed el-Mansour. Celui-ci fut un sultan brillant et conquérant. Dans les années 1590, ses troupes conquirent la boucle du Niger, contrôlant ainsi les routes de l'or et du sel, et aussi celles des esclaves. Le Maroc s'étendait alors jusqu'à Tombouctou et sa capitale était alors Marrakech. Il fit construire de nombreux palais somptueux, dont El-Badia, considéré comme l'une des merveilles du monde musulman pour ses marbres d'Italie, ses onyx, ses mosaïques et ses dorures à la feuille d'or. Aujourd'hui, les cigognes nichent dans les hauts murs d'enceinte en pisé qui entourent une large esplanade creusée de bassins et plantée d'orangers. On peut encore visiter l’ancienne prison souterraine et découvrir dans une salle voûtée l'ancien minbar de la Koutoubia : une chaire en bois précieux et en ivoire façonnée à Cordoue au XIIe siècle. Le second palais, celui de la Bahia, est plus récent : il a été construit à la fin du XIXe siècle à la demande du grand vizir Ahmed Ben Moussa. L'édifice se présente comme une succession de cours, de salons et de jardins. En fait, il s'agit d'un patchwork de maisons rassemblées pour former un seul ensemble, d'où une impression de dédale désordonné qui se dégage des lieux. Il faut dire que le palais se compose au final de 150 pièces aux dimensions très inégales. La décoration intérieure est pour le moins raffinée. Dans les appartements privés du vizir, notamment : quatre chambres donnant sur une petite cour ouverte, toute de marbre et de zelliges (ces fameux carreaux de céramiques traditionnels). La « cour d'honneur » présente quant à elle trois belles vasques à jet d'eau et une galerie aux colonnes de bois cannelées. De là, on passe à la plus grande pièce du palais, la salle du conseil, ornée de faïences et dont le plafond en cèdre est peint avec une grande finesse. On y trouve également des jardins mauresques entourés de salles et de niches richement décorées. Le site s'étend sur 8 hectares. Si vous passez un jour à Marrakech, vous vous devez de visiter ces lieux et de ne pas vous contenter des souks. Ce séminaire à Marrakech a été une vraie réussite, soit dit en passant. Je crois que c'est la meilleure saison pour y aller. Il y fait merveilleusement bon, mais jamais trop chaud. J'y étais allé pendant l'été la première fois et j'avais la plupart du temps l'impression d'être une boule de pain dans le four d'un boulanger. Je vous laisse le lien vers l’organisateur de notre voyage incentive au Maroc, ils sont excellents.


Le doigt d'honneur de Varoufakis

Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, est accusé d'avoir fait un doigt d'honneur à l'Allemagne en 2013. À tort ? C’est la polémique du moment en Allemagne : le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a-t-il fait un doigt d’honneur à l’Allemagne en 2013 ? Une vidéo semble le suggérer, mais il pourrait s’agir d’un montage. Les Allemands sont à un doigt de sortir de leurs gonds à l’égard de la Grèce. Ils ne savent juste pas encore si ce doigt existe réellement, si c’est un faux ou… le faux d’un faux. Une chose est sûre : depuis dimanche 16 mars, ils n’ont d’yeux que pour le majeur du ministre grec des Finances Yanis Varoufakis. A-t-il, oui ou non, adressé un doigt d’honneur à l’Allemagne lors d’un discours sur l’état économique de la zone euro et les problèmes de la Grèce, prononcé en 2013 ? Pour tenter, dimanche, de trancher cette question, un journaliste de la première chaîne allemande ARD a ressorti une vidéo de ce discours, mise en ligne en février 2015, et l’a montrée au principal intéressé en lui demandant s’il avait réellement exécuté ce geste provocateur. Yanis Varoufakis nie, s’énerve presque, et évoque un odieux trucage. Le démenti ne suffit pas. Dans le climat actuel de tension entre Berlin et Athènes depuis la victoire de la gauche radicale en Grèce, la moindre étincelle peut suffire à brûler ce qui reste des ponts entre les deux États.

L'EI attaque... partout

L'EI a revendiqué jeudi, dans un enregistrement audio, l'attentat mené la veille contre le musée du Bardo à Tunis, qui a fait 21 morts, dont 20 touristes étrangers. Le groupe a menacé le pays de nouvelles attaques. L'organisation de l'État islamique (EI) a revendiqué, jeudi 19 mars, l'attentat qui a coûté la vie mercredi à 21 personnes, dont 20 touristes étrangers, au musée du Bardo, au cœur de Tunis. Dans un enregistrement audio, l'EI rend hommage deux assaillants et les qualifie de "chevaliers de l'État islamique". Le groupe terroriste menace également la Tunisie d'autres attaques, affirmant qu'il ne s'agissait que "du début". "L'EI précise que les deux assaillants étaient des Tunisiens, pas des étrangers, il précise aussi que c'est le musée du Bardo qui était visé, pas le Parlement", a commenté Wassim Nasr, journaliste de France 24 et spécialiste des mouvements jihadistes. Les terroristes ont apporté cette précision "pour démontrer qu'ils ont réussi à créer une brèche dans le dispositif sécuritaire autour du parlement", a-t-il souligné. Selon lui, c'est la première fois que l'EI montre sa présence en Tunisie. "Jusque là, il n'y avait qu'Al-Qaïda qui était actif", rappelle Wassim Nasr. "Désormais, l'EI est implanté en Tunisie, au-delà de l'Égypte, au-delà de la Libye, au-delà du Nigeria avec l'allégeance de Boko Haram." Le spécialiste analyse : "On sait très bien que les Tunisiens sont très actifs dans les rangs de l'EI, que ce soit en Irak, en Syrie ou même en Libye, qu'ils ont des postes de commandement parfois importants, au niveau militaire, au niveau religieux". Wassim Nasr rappelle sur son compte Twitter que l'attaque du musée du Bardo est la plus meurtrière menée contre des Occidentaux depuis la création de l'EI.

vendredi 20 février 2015

La cuisine catalane, au-delà des tapas

A force de me rendre en Espagne pour des séminaires (presque tous les deux mois), je commence à connaître la cuisine locale, et en particulier la cuisine catalane (les séminaires ont en général lieu à Barcelone). Si les tapas et leurs fameux bars sont connus de tous, ils le sont un peu au détriment des autres spécialités culinaires de la région. Alors je vais vous présenter aujourd'hui trois entrées catalanes classiques qu'il ne faut absolument pas manquer si vous passez un jour dans la région : l'esclalivada, l'esqueixada et l'escudella. L'esclalivada, pour commencer; est à base de poivrons rouges (très prisés à Barcelone, comme vous le constaterez rapidement sur place ^^) et d'aubergines mélangés à des tomates (grillées et pelées), le tout servi avec une sauce à l'ail et à l'huile d'olive. Un plat simple mais délicieux. L'esqueixada consiste en lamelles de morue séchée (bacallà) garnies de tomates, de poivrons rouges, d'oignons, d'olives et de haricots à l'huile d'olive et au vinaigre. On aime ou on déteste, mais personnellement j'adore. L'escudella, enfin, est un plat hivernal, un ragoût à base de riz, ou de nouilles, avec des haricots et autres légumes, cuits dans le bouillon de plusieurs viandes et saucisses ; il contient généralement quelques morceaux de ces viandes et saucisses. Certains restaurants servent en plat principal les viandes qui ont servi à produire le bouillon, appelées carn d'olla. Mais outre ces trois entrées, les plats sont de manière général extrêmement variés. Tout le monde connaît bien sûr la spécialité de Valence, la fameuse paella ; mais il existe dans la cuisine catalane une grande quantité d'autres plats à base de riz, généralement mélangé à du poisson, de la viande ou même avec les deux. Ce mélange mer/montagne peut paraître curieux, voire un peu rebutant au premier abord, mais autant vous le dire: l'essayer, c'est l'adopter ! Le seul point faible de la cuisine catalane, au final, ce sont ses desserts. Ces derniers ne sont à l'évidence pas son point fort, et les amateurs de salé y trouveront davantage leur bonheur. Pour autant, certains desserts méritent tout de même le détour, comme la crema catalana, un genre de crème brûlée avec sa croûte caramélisée. Il y a aussi le mel i mató (du fromage frais et du miel) et music (des fruits secs et des noix servis avec un muscat). Enfin, il y a le pijama, des pêches en conserve avec un flan, de la glace à la vanille et à la fraise, de la crème Chantilly et, parfois, un nappage au chocolat ou au caramel. Bref, un dessert à dormir debout... Voilà pour ce petit tour de découverte de la gastronomie catalane. Ses plats salés sont une merveille qu'il vous faut absolument goûter. C'est simple: les meilleurs séminaires que j'ai pu faire en Espagne ne sont pas ceux qui proposaient des activités sportives extraordinaires, mais ceux qui incluaient une dégustation ou un cours de cuisine catalan ! C'est dire si cette cuisine séduit ! Je vous laisse un excellent tuyau, le site de l’équipe qui a organisé notre séminaire en Espagne. Ils sauront vous convaincre, que vous aimiez la cuisine catalane ou non !


Cela va être très dur pour les Grecs

Entre une zone euro, emmenée par l'Allemagne, convaincue d'avoir déjà beaucoup fait avec une aide de quelque 240 milliards d'euros depuis 2010, et la Grèce, usée par des années de récession et humiliée par la tutelle de ses créanciers (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international), qui lui imposent des réformes socialement très douloureuses. L'enjeu de cette réunion est crucial pour la Grèce : il s'agit de trouver comment se financer à court terme, alors que son programme d'aide prend fin le 28 février, et avant d'envisager une solution pour alléger sa dette colossale de quelque 315 milliards d'euros, soit plus de 175% de son PIB. Faute d'un accord, le pays, qui ne peut emprunter qu'au compte-gouttes et à des taux prohibitifs, risque de se retrouver à court d'argent. Le risque est alors d'une sortie de l'euro. Un "Grexit" qui dans le pire des scénarios pourrait menacer la monnaie unique elle-même. "Je m'attends à des négociations difficiles", déclare le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, dans un entretien dimanche au magazine allemand "Stern". Toutefois, il se dit "tout à fait confiant". "Au lieu d'argent, nous avons besoin de temps pour mettre en oeuvre notre plan de réformes. Je vous le promets: après cela, la Grèce sera un autre pays dans six mois", promet Alexis Tsipras. Mais la tension entre Athènes et Bruxelles est à son comble. Nouvelle preuve : Alexis Tsipras a réclamé de parler au téléphone avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Si on ne sait pas ce qui a été dit lors de cet entretien, "le président Juncker a fait une nouvelle tentative dans une situation extrêmement difficile", explique un responsable européen sous couvert de l'anonymat à l'AFP. Un accord peut être trouvé "à la dernière minute voire après la dernière minute", renchérit de son côté le ministre des Finances, Yanis Varoufakis. Ce qui laisse présager une longue nuit de négociations. Des réunions préparatoires ont eu lieu au cours du week-end à Bruxelles pour expliciter les positions de chacun et identifier les points de convergence. Un rapport doit être remis lundi lors de la réunion de l'Eurogroupe, mais il subsiste de nombreux points de friction, notamment sur les privatisations, sur lesquelles le nouveau gouvernement veut en grande partie revenir, ou les droits des salariés dans l'entreprise, explique Yanis Varoufakis. Le patron de la zone euro, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, s'est dit vendredi "pessimiste" sur les chances d'un accord, après une première réunion désastreuse la semaine dernière, qui s'était conclue sans la moindre avancée. "Un accord est impératif. Bien que le gouvernement grec ait commencé à assouplir sa position, des concessions importantes restent nécessaires pour aboutir à un accord", estiment les analystes de BNP Paribas. Concrètement, Athènes propose la mise en place d'un accord-relais, accompagné d'un programme de réformes assoupli, où les mesures jugées les plus antisociales seraient remplacées par de nouvelles. Pour Jean-Claude Juncker, une mesure "antisociale" doit être remplacée par une autre ayant un impact budgétaire équivalent.

L'argent de Swissleaks

Il y a de la thune dans le monde, c'est clair. Et ce n'est pas un banquier d'HSBC qui me contridra. Les révélations sur les pratiques d’HSBC, qui aurait détourné pas moins de 180 milliards d’euros du fisc ont de nouveau démontré à quel point une partie des élites échappe aux impôts malgré la forte baisse des taux marginaux depuis plusieurs décennies. Mais dans ce débat, les termes sont souvent mal choisis. Il est tout de même frappant que même Hervé Falciani, à l’origine de ces révélations, persiste à employer le terme « paradis fiscal ». Pourtant, comme Eric Hazan l’a si bien démontré dans son livre « LQR », le choix des mots n’est pas neutre dans le débat public. Et ici particulièrement. Quand on parle de « paradis fiscal », on sous-entend quelque part que les autres endroits pourraient être des enfers. Ce faisant, le choix de ce mot déforme le débat, en incriminant les Etats qui ne seraient pas des paradis et en présentant les voyoux fiscaux sous le jour flatteur de « paradis ». Voilà pourquoi, depuis des années, je me bats pour les appeler des « parasites fiscaux » et non des « paradis fiscaux ». Il en va de même pour le terme d’évasion fiscale, qui pose les mêmes problèmes, de manière à peine moins subtile. Le terme « évasion » est souvent utilisé pour les prisonniers qui s’échappent d’une prison. Bien sûr, cela pourrait donner une connotation négative pour ceux qui s’en rendent coupables. Mais les choses sont plus compliquées que cela car si on s’en tient à ce raisonnement, cela implique qu’ils seraient dans une prison, manière de dire que les personnes qui fraudent leur fisc le feraient pour échapper à ce qui serait alors une « prison fiscale ». Voilà pourquoi, ici aussi, il convient de bannir ce terme de notre vocabulaire. On peut lui préférer le terme de « désertion » et donc de « déserteur ». Bien sûr, il convient de sanctionner les déserteurs et ceux qui ont organisé ce qui est, in fine, un vol des impôts, un vol de la communauté nationale. Et cela est d’autant plus choquant que cela vient de personnes qui gagnent bien leur vie. Il faut remercier le travail des journalistes, malgré la pression des actionnaires, comme Matthieu Pigasse et Pierre Bergé qui a parlé de « délation » et de « noms jetés en pâture », s’attirant une réaction des journalistes du Monde, le président de la Société des rédacteurs ayant rappelé que « Pierre Bergé sait très bien ce qu’est l’indépendance d’une rédaction, et il a signé l’accord qui stipule que le contenu éditorial du Monde ne dépend pas des actionnaires ». Mais ne penser qu’aux sanctions, c’est traiter les conséquences en oubliant les causes. Il est bien évident que la libre-circulation des capitaux, sanctifiée par les traités européens, facilite ce genre de fraudes. La globalisation de la finance aussi : il serait bien plus compliqué de le faire avec des banques nationales. Elle est aussi la conséquence de la complexité de nos lois, qui ouvre la voie à ce genre d’abus. Ce sont bien des abus car si tout le monde adoptait leur fiscalité, alors leur base fiscale s’effondrerait. Leur réussite ne tient qu’à la non réplicabilité de leur modèle par les grands pays, qui y perdraient trop, ce qui leur permet d’attirer une base fiscale sans commune mesure avec leur taille. Bien sûr, il faut sanctionner ceux qui fraudent le fisc et les aide. Mais cela n’est pas suffisant. Il faut couper l’alimentation aux parasites fiscaux en réorganisant nos sociétés pour restaurer les droits et les devoirs des citoyens, bafoués par les pratiques d’un trop grand nombre d’individus et d’entreprises.