vendredi 20 février 2015

Cela va être très dur pour les Grecs

Entre une zone euro, emmenée par l'Allemagne, convaincue d'avoir déjà beaucoup fait avec une aide de quelque 240 milliards d'euros depuis 2010, et la Grèce, usée par des années de récession et humiliée par la tutelle de ses créanciers (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international), qui lui imposent des réformes socialement très douloureuses. L'enjeu de cette réunion est crucial pour la Grèce : il s'agit de trouver comment se financer à court terme, alors que son programme d'aide prend fin le 28 février, et avant d'envisager une solution pour alléger sa dette colossale de quelque 315 milliards d'euros, soit plus de 175% de son PIB. Faute d'un accord, le pays, qui ne peut emprunter qu'au compte-gouttes et à des taux prohibitifs, risque de se retrouver à court d'argent. Le risque est alors d'une sortie de l'euro. Un "Grexit" qui dans le pire des scénarios pourrait menacer la monnaie unique elle-même. "Je m'attends à des négociations difficiles", déclare le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, dans un entretien dimanche au magazine allemand "Stern". Toutefois, il se dit "tout à fait confiant". "Au lieu d'argent, nous avons besoin de temps pour mettre en oeuvre notre plan de réformes. Je vous le promets: après cela, la Grèce sera un autre pays dans six mois", promet Alexis Tsipras. Mais la tension entre Athènes et Bruxelles est à son comble. Nouvelle preuve : Alexis Tsipras a réclamé de parler au téléphone avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Si on ne sait pas ce qui a été dit lors de cet entretien, "le président Juncker a fait une nouvelle tentative dans une situation extrêmement difficile", explique un responsable européen sous couvert de l'anonymat à l'AFP. Un accord peut être trouvé "à la dernière minute voire après la dernière minute", renchérit de son côté le ministre des Finances, Yanis Varoufakis. Ce qui laisse présager une longue nuit de négociations. Des réunions préparatoires ont eu lieu au cours du week-end à Bruxelles pour expliciter les positions de chacun et identifier les points de convergence. Un rapport doit être remis lundi lors de la réunion de l'Eurogroupe, mais il subsiste de nombreux points de friction, notamment sur les privatisations, sur lesquelles le nouveau gouvernement veut en grande partie revenir, ou les droits des salariés dans l'entreprise, explique Yanis Varoufakis. Le patron de la zone euro, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, s'est dit vendredi "pessimiste" sur les chances d'un accord, après une première réunion désastreuse la semaine dernière, qui s'était conclue sans la moindre avancée. "Un accord est impératif. Bien que le gouvernement grec ait commencé à assouplir sa position, des concessions importantes restent nécessaires pour aboutir à un accord", estiment les analystes de BNP Paribas. Concrètement, Athènes propose la mise en place d'un accord-relais, accompagné d'un programme de réformes assoupli, où les mesures jugées les plus antisociales seraient remplacées par de nouvelles. Pour Jean-Claude Juncker, une mesure "antisociale" doit être remplacée par une autre ayant un impact budgétaire équivalent.