vendredi 20 février 2015

La cuisine catalane, au-delà des tapas

A force de me rendre en Espagne pour des séminaires (presque tous les deux mois), je commence à connaître la cuisine locale, et en particulier la cuisine catalane (les séminaires ont en général lieu à Barcelone). Si les tapas et leurs fameux bars sont connus de tous, ils le sont un peu au détriment des autres spécialités culinaires de la région. Alors je vais vous présenter aujourd'hui trois entrées catalanes classiques qu'il ne faut absolument pas manquer si vous passez un jour dans la région : l'esclalivada, l'esqueixada et l'escudella. L'esclalivada, pour commencer; est à base de poivrons rouges (très prisés à Barcelone, comme vous le constaterez rapidement sur place ^^) et d'aubergines mélangés à des tomates (grillées et pelées), le tout servi avec une sauce à l'ail et à l'huile d'olive. Un plat simple mais délicieux. L'esqueixada consiste en lamelles de morue séchée (bacallà) garnies de tomates, de poivrons rouges, d'oignons, d'olives et de haricots à l'huile d'olive et au vinaigre. On aime ou on déteste, mais personnellement j'adore. L'escudella, enfin, est un plat hivernal, un ragoût à base de riz, ou de nouilles, avec des haricots et autres légumes, cuits dans le bouillon de plusieurs viandes et saucisses ; il contient généralement quelques morceaux de ces viandes et saucisses. Certains restaurants servent en plat principal les viandes qui ont servi à produire le bouillon, appelées carn d'olla. Mais outre ces trois entrées, les plats sont de manière général extrêmement variés. Tout le monde connaît bien sûr la spécialité de Valence, la fameuse paella ; mais il existe dans la cuisine catalane une grande quantité d'autres plats à base de riz, généralement mélangé à du poisson, de la viande ou même avec les deux. Ce mélange mer/montagne peut paraître curieux, voire un peu rebutant au premier abord, mais autant vous le dire: l'essayer, c'est l'adopter ! Le seul point faible de la cuisine catalane, au final, ce sont ses desserts. Ces derniers ne sont à l'évidence pas son point fort, et les amateurs de salé y trouveront davantage leur bonheur. Pour autant, certains desserts méritent tout de même le détour, comme la crema catalana, un genre de crème brûlée avec sa croûte caramélisée. Il y a aussi le mel i mató (du fromage frais et du miel) et music (des fruits secs et des noix servis avec un muscat). Enfin, il y a le pijama, des pêches en conserve avec un flan, de la glace à la vanille et à la fraise, de la crème Chantilly et, parfois, un nappage au chocolat ou au caramel. Bref, un dessert à dormir debout... Voilà pour ce petit tour de découverte de la gastronomie catalane. Ses plats salés sont une merveille qu'il vous faut absolument goûter. C'est simple: les meilleurs séminaires que j'ai pu faire en Espagne ne sont pas ceux qui proposaient des activités sportives extraordinaires, mais ceux qui incluaient une dégustation ou un cours de cuisine catalan ! C'est dire si cette cuisine séduit ! Je vous laisse un excellent tuyau, le site de l’équipe qui a organisé notre séminaire en Espagne. Ils sauront vous convaincre, que vous aimiez la cuisine catalane ou non !


Cela va être très dur pour les Grecs

Entre une zone euro, emmenée par l'Allemagne, convaincue d'avoir déjà beaucoup fait avec une aide de quelque 240 milliards d'euros depuis 2010, et la Grèce, usée par des années de récession et humiliée par la tutelle de ses créanciers (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international), qui lui imposent des réformes socialement très douloureuses. L'enjeu de cette réunion est crucial pour la Grèce : il s'agit de trouver comment se financer à court terme, alors que son programme d'aide prend fin le 28 février, et avant d'envisager une solution pour alléger sa dette colossale de quelque 315 milliards d'euros, soit plus de 175% de son PIB. Faute d'un accord, le pays, qui ne peut emprunter qu'au compte-gouttes et à des taux prohibitifs, risque de se retrouver à court d'argent. Le risque est alors d'une sortie de l'euro. Un "Grexit" qui dans le pire des scénarios pourrait menacer la monnaie unique elle-même. "Je m'attends à des négociations difficiles", déclare le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, dans un entretien dimanche au magazine allemand "Stern". Toutefois, il se dit "tout à fait confiant". "Au lieu d'argent, nous avons besoin de temps pour mettre en oeuvre notre plan de réformes. Je vous le promets: après cela, la Grèce sera un autre pays dans six mois", promet Alexis Tsipras. Mais la tension entre Athènes et Bruxelles est à son comble. Nouvelle preuve : Alexis Tsipras a réclamé de parler au téléphone avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Si on ne sait pas ce qui a été dit lors de cet entretien, "le président Juncker a fait une nouvelle tentative dans une situation extrêmement difficile", explique un responsable européen sous couvert de l'anonymat à l'AFP. Un accord peut être trouvé "à la dernière minute voire après la dernière minute", renchérit de son côté le ministre des Finances, Yanis Varoufakis. Ce qui laisse présager une longue nuit de négociations. Des réunions préparatoires ont eu lieu au cours du week-end à Bruxelles pour expliciter les positions de chacun et identifier les points de convergence. Un rapport doit être remis lundi lors de la réunion de l'Eurogroupe, mais il subsiste de nombreux points de friction, notamment sur les privatisations, sur lesquelles le nouveau gouvernement veut en grande partie revenir, ou les droits des salariés dans l'entreprise, explique Yanis Varoufakis. Le patron de la zone euro, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, s'est dit vendredi "pessimiste" sur les chances d'un accord, après une première réunion désastreuse la semaine dernière, qui s'était conclue sans la moindre avancée. "Un accord est impératif. Bien que le gouvernement grec ait commencé à assouplir sa position, des concessions importantes restent nécessaires pour aboutir à un accord", estiment les analystes de BNP Paribas. Concrètement, Athènes propose la mise en place d'un accord-relais, accompagné d'un programme de réformes assoupli, où les mesures jugées les plus antisociales seraient remplacées par de nouvelles. Pour Jean-Claude Juncker, une mesure "antisociale" doit être remplacée par une autre ayant un impact budgétaire équivalent.

L'argent de Swissleaks

Il y a de la thune dans le monde, c'est clair. Et ce n'est pas un banquier d'HSBC qui me contridra. Les révélations sur les pratiques d’HSBC, qui aurait détourné pas moins de 180 milliards d’euros du fisc ont de nouveau démontré à quel point une partie des élites échappe aux impôts malgré la forte baisse des taux marginaux depuis plusieurs décennies. Mais dans ce débat, les termes sont souvent mal choisis. Il est tout de même frappant que même Hervé Falciani, à l’origine de ces révélations, persiste à employer le terme « paradis fiscal ». Pourtant, comme Eric Hazan l’a si bien démontré dans son livre « LQR », le choix des mots n’est pas neutre dans le débat public. Et ici particulièrement. Quand on parle de « paradis fiscal », on sous-entend quelque part que les autres endroits pourraient être des enfers. Ce faisant, le choix de ce mot déforme le débat, en incriminant les Etats qui ne seraient pas des paradis et en présentant les voyoux fiscaux sous le jour flatteur de « paradis ». Voilà pourquoi, depuis des années, je me bats pour les appeler des « parasites fiscaux » et non des « paradis fiscaux ». Il en va de même pour le terme d’évasion fiscale, qui pose les mêmes problèmes, de manière à peine moins subtile. Le terme « évasion » est souvent utilisé pour les prisonniers qui s’échappent d’une prison. Bien sûr, cela pourrait donner une connotation négative pour ceux qui s’en rendent coupables. Mais les choses sont plus compliquées que cela car si on s’en tient à ce raisonnement, cela implique qu’ils seraient dans une prison, manière de dire que les personnes qui fraudent leur fisc le feraient pour échapper à ce qui serait alors une « prison fiscale ». Voilà pourquoi, ici aussi, il convient de bannir ce terme de notre vocabulaire. On peut lui préférer le terme de « désertion » et donc de « déserteur ». Bien sûr, il convient de sanctionner les déserteurs et ceux qui ont organisé ce qui est, in fine, un vol des impôts, un vol de la communauté nationale. Et cela est d’autant plus choquant que cela vient de personnes qui gagnent bien leur vie. Il faut remercier le travail des journalistes, malgré la pression des actionnaires, comme Matthieu Pigasse et Pierre Bergé qui a parlé de « délation » et de « noms jetés en pâture », s’attirant une réaction des journalistes du Monde, le président de la Société des rédacteurs ayant rappelé que « Pierre Bergé sait très bien ce qu’est l’indépendance d’une rédaction, et il a signé l’accord qui stipule que le contenu éditorial du Monde ne dépend pas des actionnaires ». Mais ne penser qu’aux sanctions, c’est traiter les conséquences en oubliant les causes. Il est bien évident que la libre-circulation des capitaux, sanctifiée par les traités européens, facilite ce genre de fraudes. La globalisation de la finance aussi : il serait bien plus compliqué de le faire avec des banques nationales. Elle est aussi la conséquence de la complexité de nos lois, qui ouvre la voie à ce genre d’abus. Ce sont bien des abus car si tout le monde adoptait leur fiscalité, alors leur base fiscale s’effondrerait. Leur réussite ne tient qu’à la non réplicabilité de leur modèle par les grands pays, qui y perdraient trop, ce qui leur permet d’attirer une base fiscale sans commune mesure avec leur taille. Bien sûr, il faut sanctionner ceux qui fraudent le fisc et les aide. Mais cela n’est pas suffisant. Il faut couper l’alimentation aux parasites fiscaux en réorganisant nos sociétés pour restaurer les droits et les devoirs des citoyens, bafoués par les pratiques d’un trop grand nombre d’individus et d’entreprises.